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07 octobre 2005

thérapies anti-cancéreuses

L'impact de l'alimentation sur le développement du cancer

On estime actuellement que 30 % de tous les cancers sont directement reliés à la nature du régime alimentaire des individus, ce pourcentage pouvant même atteindre jusqu’à 90 % dans le cas des cancers du système gastro-intestinal (œsophage, estomac et côlon). Parmi les facteurs alimentaires ayant le plus d’influence sur le développement du cancer, de nombreuses études épidémiologiques ont montré que la consommation de fruits et légumes était associée à une baisse importante du risque de développer la maladie. Dans les études cliniques, les personnes consommant le moins de fruits et légumes sont environ deux fois plus susceptibles de développer certains cancers que celles ayant la plus forte consommation de ces aliments. Ces observations sont appuyées par de nombreuses données expérimentales acquises sur des modèles cellulaires et animaux où l’ajout de molécules isolées d’aliments permet aussi bien de provoquer la mort de cellules tumorales par apoptose que de renverser le développement de plusieurs cancers. Ces études suggèrent donc que les fruits et légumes, en plus d’être source de vitamines et de minéraux, constituent également une arme efficace pour contrer le développement du cancer.


Les fruits et légumes, une sources d'agents anti-cancéreux

La recherche effectuée au cours des dernières années est en effet parvenue à mettre en évidence que plusieurs végétaux faisant partie du quotidien alimentaire de certaines cultures constituaient des sources exceptionnelles de molécules possédant la capacité d’interférer avec divers processus à l’œuvre dans le développement des cancers. Ces molécules, appelées composés phytochimiques, sont présentes en très grandes quantités dans plusieurs aliments et boissons consommés par l’homme. Une alimentation quotidienne contenant un mélange de fruits, de légumes et des boissons tels le thé vert et le vin rouge contient environ 1 à 2 g de ces composés phytochimiques par jour, ce qui correspond à l'ingestion d'environ 5,000 à 10,000 composés différents. Ces molécules font partie de familles chimiques bien définies, comme les polyphénols (flavonoïdes, isoflavones, catéchines), les composés sulfurés (isothiocyanates, diallyl suphides) et les terpènes (caroténoïdes, monoterpènes). À plusieurs égards, les aliments contenant de grandes quantités de ces molécules possèdent des propriétés thérapeutiques analogues à celles de médicaments d’origine synthétique et nous proposons de les désigner par le terme alicaments pour représenter ces propriétés. De plus, alors que les médicaments synthétiques en utilisation chronique présentent une certaine toxicité pour l’organisme, limitant du même coup leur utilisation à des fins de prévention, les molécules anticancéreuses présentes de façon naturelle dans les aliments ont été sélectionnées par l’évolution comme étant bénéfiques pour la santé et sont donc dépourvues d’effets secondaires néfastes. Il est donc possible d’utiliser quotidiennement ces molécules pour contrer le développement du cancer.

La nutrathérapie :

L’intégration des alicaments dans le régime alimentaire revêt d’autant plus d’importance que nous sommes constamment à risque de développer un cancer. En effet, la majorité des individus ont, cachées dans les tissus, des cellules transformées précancéreuses qui ne demandent qu’un environnement favorable pour se développer. L’utilisation des molécules anticancéreuses présentes dans l’alimentation comme arme thérapeutique constitue donc une approche essentielle pour maintenir ces tumeurs dans un état latent et prévenir qu’elles ne progressent jusqu’au stade de cancer avancé.

Cette approche, que nous avons nommée nutrathérapie, peut être comparée à une chimiothérapie utilisant l’arsenal de molécules anticancéreuses présent dans les aliments pour combattre les cellules cancéreuses qui se développent spontanément. La prévention du cancer par l’alimentation constitue donc un outil complémentaire que tout individu peut employer pour supplémenter son organisme en agents anticancéreux d’origine nutritionnelle. La consommation régulière de fruits et légumes correspond à une chimiothérapie préventive qui s’exprime à plusieurs niveaux , pour contrer le développement de cancer :

Cytotoxicité tumorale

Action anti-angiogénique

Modulation de la réponse immunitaire

Augmentation de l’absorption intestinale ou inhibition du métabolisme hépatique.
Combattre le développement du cancer par l’alimentation, c’est donc utiliser les molécules anticancéreuses présentes dans certains aliments pour créer un environnement hostile aux cellules cancéreuses, pour bombarder quotidiennement ces microfoyers tumoraux et ultimement, empêcher leur croissance (ainsi que le fait la chimiothérapie). Les tissus sont donc le champ de bataille où se livre continuellement un combat entre des cellules mutantes qui cherchent à se développer en entité autonome pour dégénérer en cancer et nos mécanismes de défense qui veulent préserver l’intégrité de l’organisme. Si le régime alimentaire contient une prépondérance de mauvais aliments ou encore une carence en aliments protecteurs, comme certains fruits et légumes, les tumeurs latentes se retrouvent dans un environnement plus favorable à leur croissance et risquent de se transformer en cancer. À l’inverse, si l’alimentation est riche en aliments protecteurs et ne comprend qu’une faible proportion d’aliments déclencheurs, les microtumeurs n’arrivent pas à croître suffisamment et les risques de développer un cancer sont moindres.



Un régime de prévention du cancer

À la lumière des données scientifiques actuellement disponibles sur le potentiel anticancéreux des composés d’origine alimentaire, il est possible de composer ce qu’on pourrait appeler le régime optimal pour prévenir le cancer, c’est-à-dire un régime alimentaire basé en majeure partie sur un apport en aliments connus comme étant des sources exceptionnelles de molécules anticancéreuses. En effet, plusieurs des molécules qui possèdent les plus fortes activités de prévention du cancer ne sont présentes que dans certains aliments bien précis et il est crucial d’intégrer ces aliments de façon préférentielle dans l’alimentation si on veut maximiser la protection contre le cancer. Il s’agit d’un aspect important de cette stratégie car la présence de différentes classes de molécules anticancéreuses permet de prévenir le développement du cancer en interférant avec plusieurs processus impliqués dans la progression de cette maladie. Aucun aliment ne contient à lui seul toutes les molécules anticancéreuses pouvant agir sur tous ces processus, d’où l’importance d’intégrer une grande variété d’aliments dans le régime alimentaire (voir le guide ci-joint). Par exemple, un apport en légumes crucifères ainsi qu’en légumes de la famille de l’ail aide l’organisme à éliminer les substances cancérigènes, réduisant du même coup leur capacité de provoquer des mutations dans l’ADN et de favoriser l’apparition de cellules cancéreuses. En parallèle, l’absorption de thé vert, de petits fruits ainsi que de soja prévient la formation de nouveaux vaisseaux sanguins nécessaires à la croissance des microtumeurs et permet de les maintenir dans un état latent : effet anti-angiogenique. Certaines molécules associées à ces aliments agissent même à plusieurs stades du processus de formation du cancer et maximisent la protection offerte par l’alimentation. Le resvératrol du raisin, par exemple, agit sur les trois stades du processus de développement du cancer. La génistéine du soja qui, en plus d’être un phytoestrogène, est également un inhibiteur puissant de plusieurs protéines impliquées dans la croissance incontrôlée des cellules cancéreuses. Cette diversité de molécules anticancéreuses de l’alimentation est importante, car les cellules cancéreuses possèdent de multiples atouts pour croître et il est certainement illusoire d’envisager de contrôler leur capacité à contourner les obstacles en utilisant des molécules anticancéreuses qui interfèrent avec un seul processus. La combinaison de plusieurs aliments, possédant tous des composés anticancéreux distincts, permet non seulement de viser différents processus associés à la croissance des tumeurs, mais également d’accroître leur efficacité d’action. En fait, grâce à cette synergie, l’action anticancéreuse d’une molécule peut être augmentée considérablement par la présence d’une autre molécule, une propriété extrêmement importante pour les composés d’origine alimentaire qui sont généralement présents en faibles quantités dans la circulation sanguine. Un des meilleurs exemples de synergie est la propriété d’une molécule du poivre, la pipérine, d’augmenter plus de 200 fois l’absorption de la curcumine ce qui permet d’atteindre des quantités de curcumine sanguine susceptibles de véritablement modifier le comportement agressif des cellules cancéreuses.

La modification du régime alimentaire de façon à intégrer certains aliments constituant des sources exceptionnelles de molécules anticancéreuses représente donc une des meilleures armes actuellement à notre disposition pour contrer le cancer.